Guerre Froide / Ersatz

guerre froideAvoir 15 ans en 1980 ! C’était encore le bon vieux temps de la guerre froide. Tandis que de jeunes trentenaires  commençaient à accepter de vivre dans la nostalgie des combats défaits de la période 60’s, notre génération vivait dans la joie des illusions perdues et des lendemains d’incertitude.

Les désespérés éprouvaient leur catharsis avec Joy Division, Bauhaus, Cabaret Voltaire ; les cas les plus suicidaires se tournaient vers Virgin Prunes. Heureux temps de la Cold Wave qui plongeait ses racines au moins jusqu’au Velvet Underground de 1966-67 : The Gift, Sister Ray, Lady Godiva’s Operation (While Light/White Heat) All tomorrow’s parties, European Son (The Velvet Underground and Nico). Si l’on compare ces deux albums à la production de l’époque, on se dit qu’ils annonçaient déjà cyniquement que le grand soir hippie n’aurait jamais lieu.

Mais, à côté de ces références aujourd’hui gravées dans l’histoire, il existait une scène plus confidentielle, principalement dans le nord de la France et notamment Guerre Froide dont le titre phare, Ersatz, est certainement un des plus emblématiques de l’esprit de cette époque.

Production minimaliste : boite à rythme et synthé, un truc d’avant le DX7, voix féminine du style la copine qui accepte de fredonner pour la prod’ et des textes qui présagent le décès par le gaz. Et cette lancinante litanie de la fin, le genre de truc qu’on aurait pu écrire aussi : “Et toujours ce goût pour le néant, plutôt pour le moment qui le précède”. C’est romantique et décadent, c’est la guerre… Froide.