[dropcap]J[/dropcap]’ai assez peu l’occasion de parler de blues, ici, dans cette modeste page suivie par quelques happy few. Il est vrai, et je le confesse sans honte, que je ne me sens pas forcément à l’aise dans ce courant que je connais fort peu, au fond. Pour tout dire, je me sens franchement ignare auprès des vrais amateurs de blues. Mais le fait d’être ignare ne me prive pas pour autant d’une certaine sensibilité esthétique.
Il est vrai aussi que le sujet est vaste et que j’ai consacré ma vie, mon existence (J’en rajoute un peu, non ?) et même mes maigres économies à des courants de musique autres et que même là, je me sentirais bien peu humble en osant affirmer que je suis un spécialiste de la question. Passionné certes, avec quelque érudition soit, mais encyclopédique non.
Alors, pour ce qui est du blues, ouh la la, je vous dis pas. Mais je me sens capable de reconnaître un bon album de blues. Car c’est aussi de là que vient toute la musique que j’aime, comme le dit Jean-Philippe, le chanteur Belge fiscalement domicilié à Davos. Et non à Oxford, Mississippi.
Worried de Asie Payton est le seul album que celui-ci ait enregistré, peu de temps avant sa mort en 1997, à l’age de 60 ans. D’ailleurs, là que j’y pense, je m’en approche dangereusement… L’album est sorti en 1999 sur le label Fat Possum. Et c’est cet album que Fat Possum (Oxford, Mississippi et pas Davos) réédite, aujourd’hui, là, maintenant.
Ce qui me touche ici, c’est ce côté fondamental et élémentaire de la musique, de la prise de son et de la prise de risque. C’est basique, âpre, rocailleux comme cette musique Rock Garage que je suis habituellement. La musique comme matière brute en somme, celle qui se joue dans des arrière salles de bar, dans les vapeurs d’alcool et la fumée des clopes, et qui fait vibrer le public.